Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Horizons et oraison d'un lecteur
20 juillet 2015

Le Christ philosophe

Le Père Justin Popovitch est très sévère envers les philosophes. 

"La philosophie est un tourment bien spécifique. C'est là que la pensée vient se fracasser dans les abîmes des ténèbres et les sauvages précipices du non-être et du tout-être. C'est pourquoi les philosophes sont dans leur mouvement des gens misérables et emportés". (Père Justin Popovitch, "les voies de la connaissance de Dieu")

"Les philosophes sont, bien souvent, des gens tragiques, car leur pensée s'attaque longuement et obstinément aux mystères du cosmos, avant de retomber, telle un oiseau blessé, devant leurs derniers remparts".

Nous sommes donc bien prévenus par celui qui nous assène à longueur d'ouvrage sa "Philosophie dogmatique de la vérité" consacrant l'unique réalité et médiation du Dieu-homme défiguré par l'homme qui s'imagine et veut se faire Dieu lui-même. Pourtant, Frédéric Lenoir n'a pas peur de voir en Jésus un authentique sinon l'authentique philosophe qui doit nous servir de modèle à tous.

Donc chacun voit midi à sa porte, mais je suis plus enclin à suivre le Père Popovitch que Monsieur Lenoir et j'aime beaucoup les spéculations théosophico-chrétiennes d'un Boulgakov par exemple. En effet, Jésus constitue la "pierre d'achoppement" pour toute réflexion et toute connaissance qui veut aboutir, raison pour laquelle les premiers Pères voyaient en lui "la" vérité et l'aboutissement de toutes les questions, en dehors de "qui" on ne trouve que le néant. 

Mais il n'est pas utile de noircir ainsi le tableau même s'il est acquis que la pensée ne mène pas au bonheur. Comme le disait Marthe robin à Jean Guitton "vous êtes cloué à vos pensées tandis que je suis clouée à la croix" et on sait qui nageait dans la félicité au final.

Car chaque philosophie digne de ce nom recèle aussi en elle quelque chose de véridique et un fragment de vérité qui peut positivement se rattacher au Christ (ce qu'a mis en exergue Urs von Balthasard dans "La gloire et la croix"). Il est la "chose en soi" postulée par Kant qui marque la limite de toutes nos spéculations. Il est "ce qui se donne" antérieurement à toute essence dans la phénoménologie. Il est l'"intuition pure de la durée" découverte par Bergson. Il est le mouvement dialectique du réel mis en lumière par Hegel, la différence ontologique de Heidegger, la raison nécessaire de Spinoza, la monade intelligible de Leibniz, le "monde des idées" de Platon, la pensée de l'infini cartésienne... 

Il est simultanément toutes ces "figures" (au sens de Goethe) et aucune d'entre elles car toujours au-delà étant un être et une personne là où les conceptions les plus pures de l'intellect qui approchent le mystère sont de l'être qui s'est dégradé mais pas rien non plus,

imgres

car tout procède du Dieu-homme.  

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité