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Horizons et oraison d'un lecteur
28 mai 2016

L'émigration en Dieu

En examinant ce livre sur la "thérapeutique des maladies spirituelles" tout à fait remarquable par l'examen des sources les plus recommandables, j'ai appris des mots amusants tirés du lexique orthodoxe : "gastrimargie", "cenodoxie", "philargie", "porneia", "orge", "lupe", "uperephania". Plus sérieusement il montre à travers une analyse serrée des maux qui nous accablent, se renforcent les uns les autres sur la base de la "philautie" et détruisent notre santé tant psychique, spirituelle et physique tant que le seul remède possible et le baume ultime n'est pas appliqué.
 
Pour autant, la fameuse "charité" chrétienne (dont le sens n'a absolument rien d'immédiat et ne consiste pas juste à visiter physiquement son frère malade) ne représente en aucun cas un début de la vie spirituelle, mais constitue déjà un sommet, un pic et une apogée.
 
En effet, le "sacrement du frère" représente un aboutissement et un accomplissement qui prélude à la vision, à la connaissance et au partage de la Béatitude trinitaire. Elle résulte de la réalisation de l'"impassibilité" dont elle représente le corollaire dynamique quand une bonne part des passions ont été purifiées au cours d'un entraînement ascétique.
 
Car seule la "croix" réelle (le déplacement de nos énergies physiques et subtiles ramenées dans le "lieu" du coeur où les natures parfaites et imparfaites se conjuguent spontanément, où le fini et l'infini s'entrecroisent mystérieusement), le fait de supporter simultanément le chaos et le tourment des passions et leur libération plus ou moins progressive en une vie unique permet de goûter aux saveurs sublimes de l'oraison.
 
C'est le "lieu" où toutes les convictions et les doutes s'effondrent pour laisser place à une autre réalité. Le "ciel" de l'âme se définit pratiquement comme "l'impassibilité" (le fait de supporter tout ce qui s'élève dans la conscience et dans le monde sans sourciller et sans vaciller, tout en ressentant très fortement chaque émergence pour ce qu'elle est, une singularité unique et absolue qui ne se répètera jamais) alliée la charité qui en découle naturellement. 
 
"Voila le chemin de l'oraison: il va des larmes à la pénitence par la pratique de toutes les vertus par le renoncement à tout par l'abnégation totale de soi-même par la douceur surtout et la charité fraternell

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à travers des purifications progressives d'âme et d'intelligence dans l'abandon absolu à la volonté de Dieu toujours occupée à nous conduire au but malgré les persécutions diaboliques à vaincre par la patience évitant les illusions par l'humilité à la paix et au repos ineffable de la contemplation de Dieu. C'est une émigration en Dieu
 
Mais arrivé au terme de l'ultime désirable, le contemplatif retrouve en Dieu par la gnose, d'une manière surréminente et spirituelle ce que pour la gnose il avait quitté
 
Il est séparé de tout et uni à tout Impassible et d'une sensibilité souveraine. Déifié il s'estime la balayure du monde Par dessus tout il est heureux
divinement heureux, tellement heureux que son bonheur même lui devient la plus ferme assurance d'avoir atteint l'état convoité les cimes intellectuelles où resplendit au temps de la prière la divine Lumière de la suprême béatitude".
 
( Evragre le Pontique: De oratione)
 
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