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Horizons et oraison d'un lecteur
6 juillet 2015

Ce que nous apprend vraiment Maria Valtorta

Je suis en train de consulter le "dictionnaire des personnages des évangiles selon Maria Valtorta" http://www.laprocure.com/rayons/maria-valtorta.html rédigé par l'abbé Laurentin et Jean-Michel Debroise https://www.youtube.com/watch?v=a9OTlVLPBtk à partir de son "roman évangélique" composé à la suite de visions et donnant des précisions de nature scientifiques sur le milieu de la Palestine à l'époque absolument époustouflantes alors qu'elle avait très peu d'instruction et aucun document à sa disposition.

Jean-François Lavère, ingénieur à la retraite a bien disposé de son temps et fait toutes sorte de recherches très pointues. Il en a conclu que dans plus de 96 pour cent des cas http://www.maria-valtorta.org/ValtortaWeb/MariaValtorta26.htm les références sur la faune la flore, l'architecture, les noms de lieux et de personnes sont sont exacts. http://www.maria-valtorta.org/Lavere/Alexandroscene.htm.

Mais l'intérêt essentiel ne paraît pas là et il est significatif que personne ne semble tirer les conclusions de cette écriture extra-ordinaire en considérant sa genèse. Un objet non identifié apparaît et semble pétrifier le jugement car il ne répond pas aux normes en vigueur. Il semble que le sujet soit vu et traité de loin avec des pincettes (avec la peur obsessionnelle de la "non-canonicité"), même par les "spécialistes", comme on le voit dans l'interview de Jean-Michel Debroise mise en lien au dessus.

Nous observons que Maria Valtorta a recomposé dans son esprit l'ensemble du récit évangélique comme un immense roman avec toutes les pièces qui manquent ou qui sont incomplètes dans la "version de base". Surtout, elle montre une fouille de détails incroyables sur les expressions, les pensées, les attitudes physiques de chacun des protagonistes et des paysages rencontrés et traversés, ce qui donne une idée de l'étendue de sa vision et atteste la puissance de ses "sens internes".

Elle ne se contente pas de faire de la "poésie allégorique" à la mode où la moindre petite expérience donne lieu à grand récit sur "ma rencontre avec Dieu", mais livre une écriture précise, fouillée et pleine de détails, ce qui atteste entre la force réelle de sa foi et le fruit de sa contemplation. Les spécialistes semblent obnubilés sur la question de la "véracité historique". Certes c'est important et cela aide à renforcer la foi, à donner un surcroit de vraisemblance à la "théodramatik" du Christ selon l'expression d'Urs von Balthasard.

Mais la "saturation" qu'on ressent à la lecture de Maria Valtorta tient davantage encore à cette capacité d'évoquer toutes sorte de relations croisées et de détails spécifiques qu'à une "exactitude" littérale dans ses descriptions. Nous sommes à mille lieu tant de l'étude purement scientifique qui ne donne pas d'inspiration que dans un style d'écriture très littéraire ou dogmatique mais dans le fond assez vide de substance.

Jean se relève et entre. Et pendant qu’il le fait Pierre découvre le suaire placé dans un coin, bien plié avec à l’intérieur le Linceul soigneusement roulé.          

“Ils l’ont vraiment enlevé. Les gardes, ce n’était pas pour nous, mais pour faire cela... Et nous l’avons laissé faire. En nous éloignant, nous l’avons permis...” 

“Oh ! où l’auront-ils mis ?”      

“Pierre, Pierre ! Maintenant.., c’est vraiment fini !”       

Les deux disciples sortent anéantis. 

“Allons, femme. Tu le diras à la Mère...”         

“Moi, je ne m’éloigne pas. Je reste ici... Quelqu’un viendra... Oh ! moi, je ne viens pas... Ici il y a encore quelque chose de Lui. Elle avait raison, la Mère... Respirer l’air où il a été c’est l’unique soulagement qui nous reste.”            

“L’unique soulagement... Maintenant tu vois toi aussi que c’était une folie d’espérer...” dit Pierre.           

Marie ne répond même pas. Elle s’affaisse sur le sol, justement près de la porte, et elle pleure pendant que les autres s’en vont lentement.     

Puis elle lève la tête et regarde à l’intérieur et, à travers ses larmes, elle voit deux anges assis à la tête et aux pieds de la pierre de l’onction. Elle est si abrutie, la pauvre Marie, dans sa plus ardente bataille entre l’espérance qui meurt et la foi qui ne veut pas mourir, qu’elle les regarde hébétée, sans même s’en étonner. Elle n’a plus que des larmes la courageuse qui a résisté à tout en héroïne.           

“Pourquoi pleures-tu, femme ?” demande un des deux enfants lumineux, car ils ont l’aspect de très beaux adolescents.    

“Parce qu’ils ont emporté mon Seigneur et je ne sais où ils me l’ont mis.” 


Marie n’a pas peur de leur parler, elle ne demande pas : “Qui êtes-vous ?” Rien. Rien ne l’étonne plus. Tout ce qui peut étonner une créature, elle l’a déjà subi. Maintenant elle n’est plus qu’une chose brisée qui pleure sans force ni retenue.     

L’enfant angélique regarde son compagnon et sourit, et l’autre aussi. Et dans un éclair de joie angélique tous deux regardent dehors, vers le jardin tout en fleurs avec les millions de fleurs qui se sont ouvertes au premier soleil sur les pommiers touffus de la pommeraie.          
Marie se tourne pour voir ce qu’ils regardent et elle voit un Homme très beau, et je ne sais pas comment elle peut ne pas le reconnaître tout de suite.          

Un Homme qui la regarde avec pitié et lui demande : “Femme, pourquoi pleures-tu  ? Qui cherches-tu ?”     

Il est vrai que c’est un Jésus assombri par sa pitié envers une créature que trop d’émotions ont épuisée et qu’une joie imprévue pourrait faire mourir, mais je me demande vraiment comment elle peut ne pas le reconnaître.       

Et Marie, au milieu de ses sanglots : “Ils m’ont pris le Seigneur Jésus ! J’étais venue pour l’embaumer en attendant qu’il ressuscite... J’ai rassemblé tout mon courage et mon espérance, et ma foi, autour de mon amour.., et maintenant je ne le trouve plus... Et même j’ai mis mon amour autour de ma foi, de mon espérance et de mon courage, pour les défendre des hommes... Mais tout est inutile ! Les hommes ont enlevé mon Amour et avec Lui ils m’ont tout enlevé.., O mon seigneur, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et moi je le prendrai... Je ne le dirai à personne... Ce sera un secret entre toi et moi. Regarde : je suis la fille de Théophile, la sœur de Lazare, mais je reste à genoux devant toi, pour te supplier comme une esclave. Veux-tu que je t’achète son Corps ? Je le ferai. Combien veux-tu ? Je suis riche. Je puis te donner autant d’or et de gemmes qu’il pèse. Mais rends-le-moi. Je ne te dénoncerai pas. Veux-tu me frapper ? Fais-le. Jusqu’au sang si tu veux. Si tu as de la haine pour Lui, fais-la-moi payer. Mais rends-le-moi. Oh ! ne m’appauvris pas de cette misère, ô mon seigneur ! Pitié pour une pauvre femme !... Pour moi, tu ne le veux pas ? Pour sa Mère, alors. Dis-moi ! Dis-moi où est mon Seigneur Jésus. Je suis forte. Je le prendrai dans mes bras et je le porterai comme un enfant dans un lieu sûr. Seigneur.., seigneur... tu le vois.., depuis trois jours nous sommes frappés par la colère de Dieu à cause de ce qu’on a fait au Fils de Dieu... N’ajoute pas la Profanation au Crime... ”       

“Marie !” Jésus rayonne en l’appelant. Il se dévoile dans sa splendeur triomphante.    

Rabboni !” Le cri de Marie est vraiment “le grand cri” qui ferme le cycle de la mort. Avec le premier, les ténèbres de la haine enveloppèrent la Victime des bandes funèbres, avec le second les lumières de l’amour accrurent sa splendeur.         

Et Marie se lève au cri qui emplit le jardin, court aux pieds de Jésus, et voudrait les baiser.         
 Jésus l’écarte en la touchant à peine au front avec l’extrémité des doigts : “Ne me touche pas ! Je ne suis pas encore monté vers mon Père avec ce vêtement. Va trouver mes frères et amis et dis-leur que je monte vers mon Père et le vôtre, vers mon Dieu et le vôtre. Et ensuite je viendrai vers eux.” Et Jésus disparaît, absorbé par une lumière insoutenable.  http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-005.htm     
          


Dans un autre passage qui n'est pas en lien, l'apparition de Jésus commme corps de lumière en plein milieu d'une pièce fermée au milieu de apotres est saisissante, de même que la descente du Saint-Esprit sous forme de boules de feux. Il s'agit d'une écriture quasi théâtrale (comme le récit extra-ordinaire de la Passion), mais c'est un théâtre "vrai" qui repose sur une "imagination véridique" plus que sur la relation de simples faits comme une chronique judiciaire ou policière.

Malheureusement, pas grand monde à ma connaissance dans l'église en déduit l'effort d'imagination que le fidèle est sensé développer à la lecture des évangiles. Elle ne consiste pas simplement à laisser vagabonder son esprit ci et là, mais à ressentir pleinement ce qu'on imagine, ce qui exige une certaine lenteur et "macération". Une telle tâche est certainement très difficile et exigeante, tant l'esprit est habitué à vagabonder ou à passer de l'extrême du "flou artistique" d'une conscience panoramique et globale qui ne discerne rien ou pas grand chose à une "saisie" de détails totalement insignifiants ou superflus (le passage de la "poésie" pour dilettantes à la "science" sérieuse qui détourne de l'essentiel ). Or, la zone de transformation qui rend la "lectio divina" opérative passe précisément par cette zone d'"entre-deux", où le sentiment est précisé par les détails qui s'inscrivent dans le corps physique et ses "canaux".

De sorte qu'on peut dire que les sensations et les pensées suivent un "parallélisme" comme l'aurait exprimé Spinoza dans la thèse célèbre selon laquelle "l'âme est l'idée du corps". La pensée ne nait pas de la sensation (sensualisme), pas plus que la sensation à pour origine la pensée (idéalisme) lorsqu'un être inspiré comme Maria Valtorta "lit" et transcrit l'évangile pour mieux faire connaître la personne et le message de Jésus telle qu'elle le "voit". Le corps et l'esprit sont unis en une substance individuée dans laquelle les qualités universelles du Christ se répandent à travers un "medium", une "sustance" particulière.

Ces "qualités" ne sont pas des abstractions car elles sont incarnées dans un récit déterminé et une histoire comprenant une suite de personnages entretenant des relations autour d'un Pôle qui est Jésus. Pas plus que le "réceptacle" de ces qualités (en l'occurence Maria Valtorta) qui est le sujet dans lequel ces qualités se sont déversées et qui nous montre tout le travail d'oraison et de méditation à tirer de la lecture des évangiles. Elle nous a donné "sa" version personnelle mais chacun peut essayer de créer la sienne, en tous cas des miettes et des bribes à partir de documents utiles et

images

inspirants collectés rassemblés ici et là.     

 

 

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